Le gouvernement flamand diffuse des informations erronées auprès de ses employés pour promouvoir le Boudewijn Seapark.
La coalition des organisations de défense de droits des animaux réagit par une lettre ouverte.
Lorsqu'un employé du gouvernement flamand demande au Service social la suppression des tickets de réduction pour le Boudewijn Seapark dans une brochure promotionnelle, le service prend la défense du parc via des affirmations erronées.
Six associations de défense des droits des animaux répondent au Service social dans une lettre ouverte qui révèle la vérité des faits.
Date : 30/07/2015
Chère Madame Vereecke et autres destinataires,
Cette lettre ouverte fait suite à votre réponse du 15 juillet concernant la vente de tickets d'entrée pour le Boudewijn Seapark dans le cadre de l'action de Saint-Nicolas pour les collaborateurs du gouvernement flamand. Monsieur Ceuppens m’a demandé de vous exprimer sa réaction – ainsi que celle de Sea Shepherd Belgium, BlueShark Conservation, Bite Back, Dauphins Libres, Sea First Foundation et Planète Vie.
Certaines assertions dans votre réponse sont totalement fausses.
Vous affirmez qu'au sein du groupe de travail du Conseil belge du Bien-être des animaux : 1. Tous les participants ont signé une déclaration certifiant que les dauphins sont détenus en de bonnes conditions, 2. Que les dauphins ne subissent pas de stress, 3. Que le delphinarium pourrait procéder à l'amélioration d'un certain nombre de choses, 4. Que la mise en œuvre de ces points a déjà été réalisée.
- Le groupe de travail qui a été constitué par le conseil belge pour le bien-être animal était composé de partisans et de détracteurs du delphinarium. Des orateurs ont été invités à l'occasion de certaines réunions. Vous trouverez sur le lien suivant un aperçu des participants et des invités qui ont été impliqués dans le groupe de travail. La position de chacun des participants en rapport avec la question de la détention des dauphins y est indiquée ; en rouge les partisans et en vert, les détracteurs. Le déséquilibre de représentation entre les deux factions frappe immédiatement. Seulement trois organisations de défense de droits des animaux étaient représentées, à savoir Sea First Foundation, Planète Vie et GAIA. Vous trouverez sur le lien suivant un compte rendu des conclusions du groupe de travail concernant le Boudewijn Seapark. Comme vous pourrez le lire à la page 4, deux des trois organisations de défense des droits des animaux ont refusé de signer les conclusions du groupe de travail dans la mesure où ils étaient en désaccord total avec ses constatations et jugeaient les avis tout à fait insuffisants.
- Le groupe de travail ignore les preuves concernant le stress ressenti par les dauphins du Boudewijn Seapark. Entre 2004 et 2006 un étudiant a montré, au travers d'une étude utilisant des indicateurs prédéfinis précis, que les dauphins montraient des signes de stress jusqu'à 5 % du temps. D'ailleurs, son étude montre encore qu'un comportement tel celui de se frotter aux objets, qui peut s'étaler jusqu'à 15 % du temps, peut également être considéré comme un comportement indicateur de stress. Ainsi tant les jeunes que les individus adultes montrent des indicateurs de stress élevés en période intensive de shows. Le Dr. T. Frohoff, experte en comportement des dauphins qui a observé ces animaux en 2005 à la demande de GAIA et de la WSPA, a conclu dans son rapport scientifique que le bien-être des dauphins était insuffisant et que leur environnement était inadapté pour leur bien-être physiologique et psychologique. Les raisons du stress mises en évidence étaient, entre autres, un environnement très bruyant, de mauvaises conditions lumineuses, la nécessité d’un enrichissement du milieu environnant et le nourrissage des dauphins par les enfants. Cette deuxième étude n'a même pas été reprise dans les considérations ni dans la fiche du groupe de travail.
- Les adaptations énumérées sur le site Internet du Boudewijn Seapark que vous avez transmises à Monsieur Ceuppens peuvent difficilement être considérées comme des améliorations. Du point de vue des dauphins, l'amélioration de la qualité de l'air, le remplacement du système de filtration de l'eau, un milieu de vie enrichissant, stimulant et vaguement « réaliste » ainsi qu'un bassin extérieur ne peuvent être considérés comme de simples détails mais bien comme des besoins de base. En ce qui concerne la qualité de l'air et de la lumière, il est essentiel de prendre conscience que ces animaux ne voient jamais la lumière directe du jour et ne respirent jamais l'air frais extérieur ! Nous notons que la création éventuelle d'une lagune extérieure n'est prévue que dans de nombreuses années !
- Malgré l'annonce sur cette même page de l'investissement dans un milieu de vie plus naturel pour les dauphins, leur bassin n’est encore actuellement qu’un réservoir entièrement vide où il n'y a donc toujours pas d’algues, de sable ni d’autre élément qui suggéreraient un environnement naturel. Nous nous interrogeons sérieusement concernant l’optimalisation de la réalisation des systèmes de qualité de l'eau et de l'air annoncée pour le printemps 2014, étant donné qu'on ne trouve aucune information à propos des travaux. Par ailleurs, les enfants sont encore et toujours autorisés à être en contact direct avec les dauphins pour une photo ; de plus, et les professeurs en sont témoins, les enfants peuvent toujours nourrir les animaux lors des camps de vacances. Cela est totalement illégal en Belgique !
Vous affirmez en outre que le bassin des dauphins est conforme aux prescriptions de la législation belge et des directives de EAAM. La page 14 du document « Beschouwingen over het houden van dolfijnen in dolfinaria » (Considérations sur la détention de dauphins en delphinariums)» , un dossier, disponible uniquement en néerlandais, rédigé par le gouvernement belge fédéral en préalablement à la mise en place du groupe de travail Bien-être des animaux, reprend un tableau avec les dimensions minimales absolues pour un enclos de sept dauphins, dimensions validées par les lois belges ainsi que par le EAAM. Vous y lirez que les lois belges ainsi que le EAAM préconisent respectivement une étendue d'eau de minimum 550 m² et 625 m², tandis que les bassins de Bruges couvrent ensemble à peine 526 m². Le groupe de travail Bien-être des animaux a mentionné dans ses conclusions la présence de six dauphins (page 3), nombre pour lequel les dimensions du bassin respectaient juste les prescriptions. À ce moment, il y avait effectivement six dauphins dans le parc mais Roxane était enceinte de six mois de son bébé, Origi. L’arrivée imminente septième dauphin était donc notoire. À la mort de Origi, Linda fut renvoyée à Bruges comme septième dauphin. En outre, le bassin arrière n'est pas assez profond selon les exigences légales en vigueur et, par ailleurs, il sert également de bassin pour les lions de mer durant l'hiver.
Dans la mesure où vous vous référez à la page du site Internet travaux du site de l'aquarium, j'aimerais revenir sur d'autres déclarations erronées mentionnées sur cette page :
- Il n'y aurait aucun signe que le bien-être des dauphins soit perturbé :
Depuis 2003, malgré la priorité élevée donnée au programme de reproduction et à l'échange de dauphins mâles, force est de constater que les cinq dauphins femelles ne bénéficient pas de conditions saines pour mettre au monde des delphineaux viables. Les bébé décèdent systématiquement pendant la grossesse ou juste après la naissance. Dans la nature, environ la moitié des delphineaux décèdent au cours de la première année de vie. Étant donné les soins particuliers prodigués dans un delphinarium et l'absence de dangers tels les prédateurs ou les filets de pêche, on pourrait s’attendre à ce que les chances d’avoir une progéniture en bonne santé soient ici quand même plus élevées. À Harderwijk par exemple, où les dauphins bénéficient d'une lagune spacieuse à l'air extérieur, les problèmes liés à la reproduction des dauphins sont bien moindres. Il apparaît clairement, même aux yeux d’un profane, que ceci est un des indicateurs du mal-être des dauphins au Boudewijn Seapark. - Durant 2 ans, l'université d'Utrecht a mené une étude sur le comportement des dauphins :
Cela ne concerne que les constatations faites par l’« étudiant ». Dans l'étude de l'experte en psychologie biologique K. Morgan, « Sources of stress in captivity » (2006), il est prouvé scientifiquement que les facteurs tels la lumière artificielle, les nuisances sonores, les odeurs étrangères à celle de la nature, des températures de l’eau anormales, une restriction des libertés de mouvement, l'obligation de rester avec des dauphins étrangers à la famille, une intimité limitée, l'impossibilité de s’abstraire, la proximité imposée avec des (groupes) humains ainsi qu’un régime alimentaire limité, non diversifié sont autant de facteurs de stress plus élevé chez les dauphins. La nécessité d'une nouvelle étude, scientifique et indépendante, sur le niveau de stress et le bien-être des dauphins en captivité au Boudewijn Seapark s’impose donc. - Les dauphins vivraient plus longtemps en captivité :
La détermination et le suivi de l'âge des dauphins sauvages dans les océans est extrêmement difficile. Il en va de même pour les dauphins en captivité nés dans la nature. Par ailleurs, le nombre d'individus à suivre pour évaluer la longévité des dauphins devrait être considérable pour déterminer une tendance. Le biologiste R. Wells, qui a suivi un groupe de dauphins pendant 34 ans au large de la Floride et évalué qu'un certain nombre d'individus avait plus de 50 ans, confirme qu'il n'est pas possible jusqu'ici de déterminer la longévité moyenne des dauphins à l'état sauvage. L'affirmation du delphinarium sela laquelle les dauphins en captivité ont une longévité plus importante est totalement dénuée de fondement scientifique et de professionnalisme. - Concernant la valeur éducative du delphinarium :
D'après le rapport scientifique ‘The Case Against Marine Mammals in Captivity’ des organisations Humane Society International (HSI) et World Society for the Protection of Animals (WSPA – Société Mondiale de Protection des Animaux), l'enfermement et le conditionnement de dauphins influencent leur comportement et leurs instincts naturels au point qu'ils n'arrivent plus à développer de volonté propre. À l'état sauvage, ces animaux vivent au sein de structures familiales complexes et socialement durables. Ils utilisent des systèmes de chasse ingénieux, dont l'écholocalisation. En captivité, ils sont placés dans des bassins chlorés en béton, minuscules pour eux, avec d'autres dauphins qui leur sont étrangers. Leur instinct de chasse est réduit à quémander du poisson mort, en étant obligés d'exécuter des tours absurdes. D'après le rapport scientifique ‘The Case Against Marine Mammals in Captivity’ des organisations Humane Society International (HSI) et World Society for the Protection of Animals (WSPA – Société Mondiale de Protection des Animaux), l'enfermement et le conditionnement de dauphins influencent leur comportement et leurs instincts naturels au point qu'ils n'arrivent plus à développer de volonté propre. À l'état sauvage, ces animaux vivent au sein de structures familiales complexes et socialement durables. Ils utilisent des systèmes de chasse ingénieux, dont l'écholocalisation. En captivité, ils sont placés dans des bassins chlorés en béton, minuscules pour eux, avec d'autres dauphins qui leur sont étrangers. Leur instinct de chasse est réduit à quémander du poisson mort, en étant obligés d'exécuter des tours absurdes. Dans un delphinarium, ces prédateurs d’élite ne peuvent pas non plus faire usage de l'écholocalisation. Ce système de chasse et d'orientation unique consiste en l’émission d’ondes sonores. Il leur permet de déterminer la localisation, la distance, la forme et la densité des proies et objets. Dans un bassin en béton, ce sonar rebondit contre les parois, ce qui provoque une grave confusion de leur appareil sensoriel. Il ressort également du rapport qu'il n'est pas possible d'étudier l'essence des dauphins en delphinarium, car cette essence y est tout simplement annihilée. Le rapport conclut qu'aucun aquarium, ni même aucun bassin océanique, ne peut satisfaire aux besoins des dauphins. Rien ne peut remplacer l'espace immense, les vagues, les algues, les bancs de poissons et la pression des profondeurs. - D'autres pays européens ont déjà pris en considération ces nouvelles conceptions cruciales. Ces dernières années, les delphinariums ont été bannis en Autriche, à Chypre, en Irlande, en République tchèque, en Slovaquie, en Estonie, en Lettonie, en Hongrie, en Pologne et au Luxembourg. Les autorités de ces pays estiment que le maintien de mammifères marins en captivité n'est plus éthiquement justifié à notre époque.
Nous vous conseillons vivement de relire attentivement le rapport précité et de regarder le film « A fall from freedom ». Après avoir assimilé l’information contenue dans cette lettre et dans les liens communiqués, vous pourrez objectivement et, espérons-le, avec empathie décider si vous supprimez définitivement les tickets de réduction pour le delphinarium de la brochure des actions de la Saint-Nicolas du gouvernement flamand.
Au vu des malentendus flagrants qui circulent concernant les conditions de vie des dauphins en captivité au Boudewijn Seapark, nous mettrons cette lettre ouverte à disposition sur notre site Internet.
Dans l’attente de votre réaction.
Katrien Vandevelde
Responsable Presse Sea Shepherd Belgium
Fondateur BlueShark Conservation
Au nom de
Koen Ceuppens – Gestionnaire de Dossier Watertoets, Vlaamse Milieumaatschappij
Anne Van Ingelgem & Tom Engelen - Directrice et administrateur de Sea Shepherd Belgium
Katrien Vandevelde & Jan Wouters - Fondateurs de BlueShark Conservation
Benjamin Loison - Président et Co-Fondateur Bite Back
Dos Winkel – Vice President et Fondateur Sea First Foundation
Yvon Godefroid - Fondateur Dauphins Libres
Yvan Beck - Fondateur Planète Vie